Une fée voltigeait en tout sens autour de ma tête, ses grandes ailes translucides me chatouillant le visage. Je la repoussai d'une main, mais elle l'évita et recommença son ballet aérien, ce qui me fit éclater de rire. Et puis elle sortit une petite baguette, qu'elle pointe vers moi, avant de lancer un sort. Et, lentement mais sûrement, je me sentis rapetisser et des ailes pousser dans mon dos. Avant que j’ai eu le temps de dire quoi que ce soit, je m'étais transformée en fée. En fée ! J'éclatai de nouveau de rire et commençait à suivre Solie - parce que c'était bien elle - dans sa magnifique danse. Nous nous arrêtâmes bien vite et je m'apprêtai à la prendre dans mes bras quand... quand... quand...

- Gweeeeeeeeen ! Mais réveille-toi ! T'as cours aujourd'hui, je te rappelle !

Je me réveillai en sursaut, puis sautai de mon lit. Ma rentrée, c'était ma rentrée ! Un immense sourire vint éclairer mon visage, tandis que je courrai en tous sens dans ma chambre, pour aller chercher ma tenue, puis me précipiter dans la salle de bain. C'était - presque - la dernière fois que je prenais ma douche là, étant donné que je partais habiter dans les dortoirs du campus. Peut-être que j’aurai un colocataire vampire ? Oh, ce serait merveilleux ! Non, mieux. Un elfe ? C'est fascinant, les elfes. Même si je préférais les fées, bien sûr. En tout cas, j'étais tellement impatiente que je me dépêchai le plus possible pour ma douche. Et quand je ressortis, j'enfilai mon éternel vieil uniforme, avec sa jupe plissée bleue, sa veste légèrement plus foncée, la chemise blanche et un noeud au niveau du col. Une fois que j'eus mis ma tenue préférée, je tournoyai un instant sur moi-même, devant le miroir, avant de descendre les marches quatre à quatre pour aller voir ma mère. Je passai un bras autour de sa taille, me mis sur la pointe des pieds et lui fis un bisou sur la joue.

- Je t'aime, Maman.

Elle eut un sourire, prit un croissant placé dans une assiette devant elle, puis me le fourra dans la bouche.

- Allez, mange, puis file, faudrait pas que t'arrives en retard.

Je hochai la tête, la lâchai et allai chercher mon sac à bandoulière blanc tout en mangeant le croissant. Puis une fois mes bottines noires à talons mises, je sortis, totalement prête, et trottinai gaiement jusqu'à ma nouvelle école. Ma nouvelle école ! Que c'était étrange de penser comme ça. Mais pas totalement. C'était également génial, fascinant et... ça laissait présager pleins de bonnes surprises ! J'avais si hâte d'arriver... Je me mis à chantonner, sans changer ma cadence de rythme et ne m'arrêtai qu'une fois devant le bâtiment, que je regardais de haut en bas avec un regard curieux. Très curieux. Puis une sourire vint germer sur mon visage, et j'entrai comme un ouragan, en courant et en faisant beaucoup de bruit. Enfin, ça ce n'était pas totalement de ma faute, plus de celle de mes chaussures.

Quoiqu'il en soit, je mis un peu de temps avant de trouver la vie scolaire, premier lieux où je devais me rendre, mais y arrivait quand même assez vite. Enfin, la sonnerie avait déjà retenti, visiblement, étant donné qu'il n'y avait personne dans les couloirs. Mais tant pis ! Je rejoignis une surveillante qui m'accompagna, ensuite, vers la salle de mon futur professeur principal. Il était plutôt grand - plus grand que moi, en tout cas, ce qui n'est pas vraiment rare, d'ailleurs - et arborait un physique vraiment sombre. Cheveux noirs. Yeux noirs. Ce n'était pas très gaie, tout ça ! Mais e souris toujours, car il n'avait pas l'air très méchant.

Un court silence se passa, puis il se mit à rougir. Rouge... comme une tomate ! Bon, c'était vraiment de l’exagération. Mais c'est bon les tomates. Et c'est beau, en plus. J'adorais les tomates. J'attrapai une mèche de mes cheveux et commençai à jouer discrètement avec, tandis que je me plongeai dans mes pensées. Dans mon monde, il y a pleins de tomates partout ! Dès que j'ai un petit creux, je peux manger des tomates. Et même quand j'ai pas faim, je eux tout de même en avaler ! N'est-ce pas génial ? Mes yeux, de perdus dans le vague, se remplirent petit-à-petit d'une lueur de bonne humeur et je repris pied avec la réalité. Juste assez tôt pour entendre la fin des paroles de mon professeur. Je n'avais pas entendu son nom, mais je savais qu'il était professeur de mathématiques en anglais ?

Je nouai mes mains derrière mon dos et me penchai légèrement en avant.

- Bonjour Monsieur ! Je m'appelle Gwenaëlle Rahn ! Mais on m'appelle plus souvent Gwen...

Gwen écouta aussi attentivement que possible les paroles de son tout nouveau professeur. Ce qui est chose rare, il faut l'avouer, étant donné qu'elle possédait une capacité d'attention assez limitée. Pourtant elle tint bon. Un peu. Du mieux qu'elle pouvait. Il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop loin ! Son maximum était quand même relativement peu élevé. Et elle le trouvait assez sympathique, ce professeur. Bon, d'accord, d'un autre côté, elle a tendance à tout voir en rose.
D'ailleurs, la demoiselle était déjà en train d'inventer une race pour le jeune homme. Elle le voyait bien en elfe, avec de longues oreilles pointues et un arc. Et des cheveux de ce même noir, mais beaucoup plus longs. C'était classe, non ? Elle aimait bien cette idée, en tout cas. Et maintenant qu'il avait une race, elle le fit doucement entrer dans son monde. Un monde où il aiderait les gens en faisant tomber des pommes des arbres, à l'aide de ses flèches. Il s'entendrait bien avec Solie.
Finalement, elle se décida à répondre, en secouant la tête de droite à gauche :

- Non, j'ai pas encore visité le campus. Et je vais loger ici, ma mère dit que ça me ferait du bien d'être entouré de gens de mon âge. Elle trouve que je passe trop de temps seule, enfermée dans ma chambre.

Puis la demoiselle surit, comme elle savait si bien le faire : un sourire emprunt de bonne humeur et d'innocence. Un sourire typiquement enfantin, qui ne manquait pas de la rajeunir. Un sourire typiquement elle, aussi, d'ailleurs.
Elle se mit alors à regarder de droite à gauche, par curiosité, avant de se concentrer sur la salle de classe juste devant, dont la porte était restée entrouverte. Et elle se demandait si les personnes à l'intérieur - qu'elle ne voyait pas, au passage - seraient ses nouveaux camarades.

Gwen se remit à regarder son professeur, quant celui-ci s'interrompit en pleins phrase, avant de totalement changer de sujet. Et il rougissait... Encore ?! Il doit aimer les tomates, lui aussi... La demoiselle recommença à inspecter le couloir du regard, avant de se tourner avec l''elfe". Elle ne l'avait écouté que d'une oreille, distraitement, en fait. Pourtant, son cerveau avait capté le plus important.
Elle lui sourit, avant de répondre :

- C'est pas ma classe ? Elle est où ma classe, alors ?

En arrière fond, retentissait les rires et les bruits provenant d'un peu plus loin. Ils avaient l'air de bien s'amuser ! La petite rêveuse avait bien envie de les rejoindre. Et si jamais ils font partis de ma classe ? Ce serait chouette ! Elle imaginait déjà une ambiance fofolle, avec des camarades qui s'amuseraient toute la journée. Elle pourrait rêver en paix, dans cette atmosphère. Elle se mit à rigoler, rien qu'à cette pensée. Et ne s'arrêta que quelques secondes plus tard, pour se reconcentrer sur son prof, les yeux brillant.

- Je peux venir en maths ? Et rencontrer mes camarades ? J'ai hâte ! D'ailleurs, ils sont où, les dortoirs ? Ma valise est censée arriver tout à l'heure...

Changement de sujet plutôt radical, non ? C'est bien Gwenaëlle, ça. En fait, ses discours suivent le cours de ses pensées et c'est souvent pour cette raison qu'elle a ce genre de décalages. Peu de personnes arrivent à la suivre. Et la plupart n'essaie même pas, en fait, trop compliqué, apparemment.